Lettre à nos amis
Lettre à nos amis - Le poète et la femme
                          Â
           Chaque numéro de L’Étrave s’ouvre sur un éditorial du président Vital Heurtebize :
« la Lettre à nos amis » traite d’un sujet d’actualité et de l’attitude du poète face à cette actualité.
Vous en découvrirez chaque fois la pertinence voire l’impertinence ! et pourrez faire part de vos sentiments en retour.
À L’Étrave, nous sommes très soucieux pour tout ce qui relève de la liberté d’expression.
                   " Le poète et la femme "
                      par Vital Heurtebize, président de Poètes sans frontières
On n’a jamais autant parlé des droits de la femme que depuis ces dernières décennies. La femme d’aujourd’hui, avec le soutien de mouvements associatifs féministes ou par la voie politique, se bat pour obtenir de la société, une certaine position socio-économique. Elle y parvient, non sans mal.
Mais qu’en est-il sur le plan spirituel ?
Sauf au Moyen Âge, la femme est longtemps restée privée d’accès à toute voie initiatique. Longtemps, elle n’a pas eu accès au Sacré et l’on peut regretter qu’aujourd’hui, son combat n’inscrive pas comme conquête prioritaire son « droit à la spiritualité ».
Il est certes souhaitable qu’elle accède à un rang social élevé, en politique, dans l’administration, dans le domaine culturel ; qu’elle ait accès aux grandes Écoles jusqu’à être hautement diplômée et obtenir professionnellement de hautes fonctions et responsabilités d’autorité dans le civil comme dans le... militaire !
Mais nous restons jusque-là dans le secteur socioculturel. Qu’elle ait réussi à se dégager des contraintes domestiques quitte à les avoir partagées avec le conjoint qui, grand seigneur (!) a accepté. Euh !... pas toujours !Â
La femme dans tout ça ? La femme, même galonnée jusqu’au menton, reste la femme ! Elle a sans doute pris de la hauteur dans l’échelle sociale, mais on continue, le plus souvent à ne voir en elle que la femme-objet. J’ajouterais « objet » de harcèlement, de maltraitance, victime de viol et de meurtre. Sommes-nous étonnés que de pareils crimes ne tiennent pas plus de place dans l’actualité que celle d’un fait divers ? La raison en est qu’il manque à son statut, une qualité non plus sociale mais d’ordre spirituel qu’elle seule peut gagner. Elle fera d’elle plus que l’égal de l’homme, la femme qui rayonnera de spiritualité forcera l’homme au respect.
Sans doute faut-il se réjouir de l’importance prise par la poésie féminine. La poésie confère à la femme cette dimension qui force au respect. En écrivant ces mots, je pense à notre grande Marie Noël. Mais ne sommes-nous pas, là encore, dans l’exception ?
je le crains.
Rose
Dans le parc aux oiseaux, à l’heure où tout repose,
de ses yeux de serpent, il déshabillait Rose…
Cependant, ignorant qu’un monstre la suivait,
Rose rêvait…
Sur le gravier s’allongeait l’ombre du grand arbre,
La statue à l’œil mort frissonnait sous son marbre…
Il attendait… pour conduire, à l’instant propice,
Rose au supplice…
Il y eut dans le ciel comme un grand coup de vent :
« Il est temps de rentrer », dit Rose en se levant…
Avec sa robe blanche et son cou de dentelle,
Rose était belle !...Â
Le regard torve et la bave au coin de la bouche,
il resta là , craignant qu’elle ne s’effarouche …
Vers la ville, en chantant, et de son pied petit,
Rose partit…
Une fois, une fois encore, on a cru voir
tourner sa tête blonde à l’angle du trottoir…
Au petit jour, pâle et froide devant sa porte,
Rose était morte.
 V. Heurtebize
***********
                                                              Â
       Â
Â
  Â
  Â
Â
    Â
        Â
Â
Â
Â
Â
                                                                 Â
  Â
                                                     Â
                                           Â
               Â
Â
                                   Â
Â
                                                                                                       Â
                                           Â
Â
                Â
Â
                                                                Â
                                                                      Â
Â
      Â
    Â
Â
Â