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Les poètes et l'Ukraine

Le poète et la guerre


Supplément spécial UKRAINE

Le poète et la guerre

En année de licence, notre professeur d’Histoire contemporaine ne cessait de nous répéter, à tous les cours et sur tous les tons : « Quand les peuples ne savent plus régler leurs problèmes autrement que par le fer et par le sang, la Barbarie est en marche ! »

Aujourd’hui, cette sentence résonne en moi d’une tristesse lancinante... je me revois en Algérie ! La guerre ? ce sont des atrocités de part et d’autre. La guerre ? ce sont des mères et des enfants perdus dans la fournaise. La guerre ? c’est l’odeur de la mort qui nous pénètre et se traîne jusqu’au plus profond de nos trippes...

La guerre, ce n’est pas le combat du Bien contre le mal, comme la propagande veut nous le faire croire, c’est le combat du Mal contre lui-même. Le Bien ne combat rien ni personne : il est le Bien. Vous ne le rencontrerez sur aucun champ de bataille. Sur les champs de bataille, vous n’assisterez qu’au meurtre permanent, perpétré légalement pas des hommes qui n’ont plus rien d’humain. Oui, la guerre, c’est bien la Barbarie qui est en marche !
L’Histoire nous a toujours montré que celui des deux belligérants qu’on croyait le meilleur était sinon pire, du moins aussi coupable que l’autre, que celui qui manifestait de nobles sentiments était en réalité animé de desseins les plus sournois, que des deux adversaires, en matière de cruauté, l’un n’avait rien à envier à l’autre... Seules sont à plaindre et à aider de toute notre solidarité, de tout notre amour fraternel, les innocentes victimes de la Barbarie.
 Mais je suis poète ! ou du moins, j’essaie de l’être ...
Et je ne me résigne pas à ne plus penser par moi-même, je refuse de penser comme tout le monde ce qui revient à ne pas penser du tout. Je ne me laisse pas séduire par la propagande du dernier camelot de service. Je veux résister et vous exhorte, poètes, mes frères, à entrer avec moi dans cette résistance.
Ne nous enflammons pas pour les uns contre les autres, si nous avons un combat à mener, c’est un combat contre la guerre. Il n’y a pas de guerres justes, il n’y a pas de guerres propres, il n’y a que des guerres qui se terminent en charniers dont on célèbre ensuite le souvenir... mais prêts à recommencer.                                                                          
                                                                                                                                   V. Heurtebize

L’aide de Poètes sans frontières à l’Ukraine  (L'Etrave 269 )

Nous avons pu remettre un chèque de 1 000 € pour l’Ukraine à SOS familles qui accueille actuellement 70 mères et enfants réfugiés et il en arrive d’autres ! Si vous le souhaitez, vous pouvez nous adresser un chèque à l’ordre de PSF : nous acheminerons aussitôt votre don à destination.
 

 

Accueil de nos réfugiés  (L'Etrave 269)

Voilà la meilleure façon de réagir !

86 familles sont arrivées à notre centre de Mazet-Saint-Voy. Femmes et enfants que nos bénévoles du centre, SOS familles d’accueil, ont aussitôt pris en charge.
Sylvie Chamard, notre présidente, nous écrit :  « Nous avons vécu 15 jours intenses : pas le temps pour manger parfois et le sommeil perturbé ! aujourd’hui nous avons autour du Mazet-Saint-Voy 18 lieux d’accueil avec plus de 70 accueillis de l’Ukraine. J’ai encore une soixantaine d’hébergements proposés en stock. La solidarité a été extraordinaire. Les personnes accueillies ont entre 15 jours et 70 ans, celle du bébé de 15 jours est arrivée hier soir, celle de la plus âgée, 70 ans, est arrivée en fin d’après-midi hier, elle est en fauteuil roulant et nous avons trouvé un logement adapté pour tous.  Je ne peux raconter tout ce que nous avons vécu, l'arrivée de ces familles à bout, fragilité, vulnérabilité de ces femmes seules avec leurs enfants, mais aussi de ses pères de familles nombreuses exemptés de guerre, heureux d’être là avec leur femme et enfants. L’émotion quand nous leur présentons leur lieu d’accueil. Là, les gestes barrières, j’avoue, je les ai complètement oubliés. Nous avons souri et pleuré avec eux serrés fort dans nos bras. »

Les poètes nous envoient aussi leur soutien moral par des poèmes tous très beaux. Nous ne retenons pas ceux qui ont un côté trop partisan, pour encourager les uns ou discréditer les autres. Comme le dit Vital Heurtebize, dans une guerre il y a des chefs responsables des deux côtés, dans une guerre il y a la guerre et le peuple qui la subit, qui souffre, qui compte ses morts, comme cette mère que nous avons tous vue, debout, désespérée, avec ses deux enfants morts à ses pieds.

Nos poètes s’expriment :

       Couleurs ukrainiennes

Jaune comme ta chevelure blonde
Qui flotte dans le vent des plaines,
Dorée par un soleil radieux,
Autant qu’il dore un champ de blé.
Bleu comme tes yeux nostalgiques,
Rivés vers un ciel d’été mélancolique
Où la profondeur me plonge, meurtrie,
Au cœur blessé de ta patrie.
C’est un miroir multicolore que je contemple,
J’y vois ton âme, celle de ton peuple...
C’est un tableau où récolter la Vie,
Le bleu de l’horizon, le jaune des épis.
J’ai foulé tes terres, embrassé mes racines,
Nagé dans tes rivières, mangé le pain de ta nation.
Tu as serré dans tes bras l’enfant exilé
Qui tressait l’histoire de ses ancêtres.
Un jour, il faudra ressemer sous un ciel sans nuages,
Dans une terre libérée, les graines du partage.

                    Kevisana

           Guerre ! où est ta victoire ?

Les nouveaux « Got mit uns » déferlent sur la plaine !
Leurs chefs se sont tendu l’un à l’autre un défi,
mais aucun n’a cédé : l’un tout d’orgueil bouffi
et l’autre, guère mieux ! le cœur gonflé de haine ...

On entendit chacun claironner à l’envi
sa profession de foi puante à pleine haleine :
le mensonge à tout crin pour couvrir à grand-peine
par de flambants discours un dessein de nervi.

Ce fut la guerre ! On dit ce fléau d’un autre âge ?
il ne suffit que de prendre un peuple en otage,
se proclamer vainqueur à grands coups d’olifants,

mais surtout ne pas voir parmi la foule, hagarde,
une mère debout, en larmes, qui regarde
morts à ses pieds, ses deux enfants...

                        Vital Heurtebize

 

      Ne me quitte pas

Tu étais là.

Tu étais là, silencieuse.
Tu étais là, silencieuse à mes côtés.
Je t'ai à peine embrassée.
Je t’ai trop peu chérie.
Mes colères t’ont souvent éloignée
Et toujours tu reprenais possession de moi
jusqu’à m’envahir totalement.
Fragile tu fais ma force.
Discrète, tu te laisses oublier.
Ta présence m’est essentielle,
et pourtant mes yeux regardent ailleurs.
C’est au moment de te perdre que mon cœur s’éveille
Ô ma douce,
Ô mon amour,
Ô la paix, ne me quitte pas.

                    Franck Meslin

Ukraine 

Ukraine, je salue bien haut ton âme,
Ton ardeur de liberté,
À petits coups de rame,
Pour ne pas l’effaroucher.

Je crache sur la guerre,
Tes morts tombent sur les pavés,
C’est elle, la vipère,
Qui tue ces morceaux d’enfants sacrifiés,

Ce que l’homme a de nocturne,
D’étoilé en dedans,
Se mélangent dans cette urne,
Aux cendres de vivants.

Mon cœur réduit à ce carnage,
A honte d’exister,
Quand l’occident n’a comme seul courage
Que de t’applaudir et de ne rien oser.

 Marie Gagnon

                    Le secret d’Ukraïna

Je pique au creux du coude l’aiguille dans la veine,
Le sang coule dans la cartouche du stylo.
J’enclenche la vidéo, soldat ukrainien.
J’écris en direct avec mon sang un cri d’amour pour ta famille.
Déjà un an de révolte. Frère de Mer d’Azov, de Mer Noire,
Orphelin de Sébastopol, aucun buvard, aucun effaceur
Ne peuvent censurer ta souffrance.
La page s’imbibe, le sang sèche brut.
Fils de père russe, de mère ukrainienne,
Errant sang papier sur le tablier d’un pont explosé,
Tes larmes ne sont pas de vodka.
L’aiguille de cactus qui alimente ma perfusion
Symbolise ta lutte orange.
Tu pleures tes camarades morts comme des souches
Au passage des chars en forêt,
Des obus de confiance trahissent tes champs fleuris de liberté.
N’appelle plus ta fille Victoire ni ton fils Bataille.
Reviens du front, décidé au pardon. Ni fanfare ni requiem,
Juste un secret sang de paix, un armistice,
Le temps d’un poème pour toi.

                                           Bruno Mercier

            Ukraine

Quand le soir viendra
Les murs ne seront plus que cendres
Les mères compteront leurs morts
Les linceuls s'étendront dans les cours
Que restera-t-il de cette révolte ?

CÅ“urs qui se taisent
Ou gonflés d'espérance

La rue reprendra ses droits
Les places alors porteront
Les noms des disparus.
Demain
Ne sera plus le même.

    Danièle Dossot


 
Nos actions Ukraine

En Île-de-France (à Thiais) avec Alain Morinais le 19 mars 2022

Les Rencontres poétiques : Une matinée dédiée à l’Ukraine

Le 19 mars à 15 heures à la médiathèque municipale de Thiais, les poètes Éléna Fernandez-Miranda, Claire Dutrey, Marie-José Pascal, Anne Ogor, Liza Maria Winterhalter, Roland Souchon, Yves Courtel, Pierre de la Galite, Philipe Courtel, Pierre Lauvernay, ainsi que de nombreux amis de la poésie, ont répondu à l’invitation d’Alain Morinais. Et le « pass vaccinal » venant d’être levé, Vital Heurtebize a pu se joindre à ces retrouvailles tant attendues après une si longue absence !
Après Alain Morinais parfait dans son rôle d’animateur ! et Claire Dutrey avec son talent habituel, on assista à une séquence originale : un duo poétique... à trois avec Alain Morinais, Marie-José Pascal et Roland Souchon.

Un bouquet de poèmes se répondant les uns aux autres, dans une belle harmonie poétique, une réussite !
Les poètes présents eurent ensuite à cœur de donner le meilleur d’eux-mêmes au cours de la scène ouverte qui se prolongea fort tard.
Tous nos remerciements vont à la Municipalité de Thiais, à la directrice et au personnel de la splendide médiathèque pour leur accueil.

Un ouvrage a été publié de la rencontre vendu au profit de notre action Ukraine 5 € à l’ordre de Poètes sans Frontières.

 

En Béarn (à Assat et Bordes) avec Kevisana

Deux ateliers d'écritures consacrés à l'Ukraine

Il était impossible que notre amie Kevisana d’origine ukrainienne ne se sentît pas concernée par la tragédie ! Sollicitée par deux bibliothèques en même temps, elle n’a pas hésité à saisir l’occasion pour engager ses apprentis écrivains dans une réflexion sur les horreurs de la guerre : enfants et adultes ont répondu nombreux à son appel.
Le temps d’une journée, petits et grands se sont laissés aller à la poésie, bercés par les lectures de Kevisana.
Puis, avec ou sans rimes, se sont surpris à créer des messages d’espoir, de réconfort et de paix, aux couleurs bleu et jaune, pour le peuple d’Ukraine.
À la suite de ces ateliers, riches en partage et en écriture, Kevisana a décidé de réunir les textes et dessins dans un recueil intitulé "Couleurs ukrainiennes" édité par La Nouvelle Pléiade et vendu au prix de 10 € au profit de Poètes sans Frontières pour son action. Pour étoffer ces productions, un appel à textes et à participations a été lancé via les réseaux sociaux et beaucoup y ont été sensibles. Nous les en remercions vivement.

 "La poésie est une lettre d'amour adressée au monde." Charlie Chaplin





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